L’« espoir », qu’est-ce que c’est ? C’est croire à ce que nous ne pouvons pas vérifier, à ce qui est invisible. En fait, c’est notre « langage » même.
Nous avons cessé de rester seuls et nous avons décidé de vivre avec des gens. Un jour de pluie, nous avons fabriqué un toit pour nous abriter, et nous nous y sommes mis avec quelqu’un. Petit à petit, nous avons agrandi ce toit, et maintenant, il doit couvrir toute la terre.
Nous avons commencé à parler, certainement maladroitement au début, plus tard avec aisance. Mais même aujourd’hui, nous ne pouvons vérifier si le sens de nos mots est le même que celui des autres, et nous continuerons sûrement à rester dans cette incertitude. Nos mots sont, en réalité, très solitaires.
Malgré tout, nous nous sommes dit : « ça doit marcher », et nous avons osé franchir cette solitude. En pensant « sûrement » ou « sans doute », nous avons obtenu une autre faculté : l’« imagination ».
Nous vivons de cette manière, en croyant à ce que nous ne pouvons pas vérifier. Parler, c’est franchir la solitude, c’est donc avoir l’espoir.
Pour ceux qui se trouvent en plein milieu d’accidents désastreux, que pouvons-nous faire ? Rien, nous sommes trop loin. Autant de raisons pour renoncer. Cherchons tout de même. Ça a l’air difficile, mais essayons quand même. Rappelle-toi, c’est justement ce que nous n’avons jamais cessé de faire : continuer en nous disant que ça devait marcher, sans pouvoir nous en assurer. C’est exactement ça, avoir l’« espoir ».
Je parle à haute voix, je m’adresse à toi, je continue à le faire, j’ai pensé à toi aujourd’hui encore. J’ai imaginé. Je suis si loin, mais j’ai quand même pensé à là-bas. J’ai essayé de trouver des mots pour ma pensée. Tu ne les entendras peut-être pas. Mais si, bien sûr que tu les entendras, puisque c’est ainsi que nous sommes devenus « humains », en croyant justement à ça.
Je voudrais être à tes côtés, à côté de ton chagrin, de ta tristesse, de ta joie, de ton sourire. Je continue à le vouloir.